Adolescents et réseaux sociaux, c’est l’histoire de milliers de filles qui s’exposent sur Instagram, TikTok ou Snapchat, pendant que les garçons, en majorité, restent plus en retrait. Ce phénomène interroge : pourquoi cette différence ? À travers des exemples, des anecdotes et les conseils des experts, nous allons comprendre les mécanismes derrière l’exposition de soi des filles et le silence des garçons, et les conséquences qui en découlent.
Exposition de soi sur Instagram et TikTok : pourquoi les filles sont-elles en première ligne ?
Sur des plateformes comme Instagram et TikTok, on retrouve beaucoup de profils de jeunes filles qui publient régulièrement des selfies, des stories sur leur vie personnelle ou encore des vidéos partagées avec des influenceuses. Par exemple, Émilie, 15 ans, partage chaque jour des contenus de ses routines ou de ses tenues. Elle suit les codes des influenceuses qu’elle admire pour gagner de la reconnaissance et plus d’abonnés.
Ce besoin de reconnaissance n’est pas anodin. Plusieurs études menées en France ont montré que les filles ressentent la pression de s’intégrer et d’être validées par leurs pairs à travers les réseaux. Elles pensent parfois que leur popularité dépend du nombre de likes ou de commentaires sur leurs photos ou stories. Cela peut créer un cercle où elles s’exposent toujours plus.
Le façonnage des stéréotypes de genre sur Snapchat et Facebook
Les contenus qui circulent sur Snapchat ou Facebook ne sont pas neutres. Beaucoup reprennent des clichés classiques : les filles montrées comme douces, attentives à leur apparence ou « bonnes ménagères » dans des vidéos tendances. Par exemple, une collégienne comme Victoria remarque sur TikTok des vidéos où les femmes s’occupent des enfants et cuisinent, tandis que les hommes sont représentés comme forts et dominants.
Ces modèles diffusés en ligne renforcent des idées déjà anciennes. Certains garçons se moquent en disant que « les filles doivent être à la cuisine ». D’autres, comme Louise, expliquent que ces clichés sont hérités des générations précédentes et restent très présents à l’école via les réseaux sociaux.
Pourquoi le cyberharcèlement touche davantage les filles ?
Le temps passé sur Instagram, TikTok ou Snapchat expose davantage les filles au cyberharcèlement et à la cyberviolence. Le pédopsychiatre Stéphane Clerget explique que les violences sur internet, souvent verbales, touchent davantage les filles car elles utilisent plus les réseaux sociaux, tandis que les garçons préfèrent les jeux vidéo. Par exemple, Lisa, 13 ans, a été prise pour cible par d’autres filles pour avoir simplement liké la photo d’un garçon. Le harcèlement a eu lieu sans qu’elle connaisse vraiment ses harceleuses.
Contrairement au harcèlement à l’école qui cible surtout les adolescents fragiles, sur les réseaux, n’importe quelle fille peut devenir la cible. À cela s’ajoute le sentiment d’impunité des harceleurs : devant un écran, il est plus facile d’oublier que l’on fait du mal à une vraie personne.
Les conséquences sur la santé mentale sont préoccupantes. Une récente étude de l’University College London montre que la santé mentale des adolescentes est plus touchée que celle des garçons, car elles sont plus souvent victimes de violences et de critiques en ligne. C’est un signal d’alarme qui doit tous nous mobiliser.
Le silence des garçons : préférences, pression sociale et codes différents
Beaucoup de garçons, eux, restent peu actifs côté exposition de soi sur Instagram ou Snapchat. Certains craignent d’être jugés ou harcelés, d’autres préfèrent s’exprimer à travers les jeux vidéo ou les groupes privés sur Facebook, loin de l’exposition publique. Par exemple, Maxime, 16 ans, apprécie plus les discussions sur Discord et les parties de jeux en ligne plutôt que de poster des selfies.
Ce « silence des garçons » répond aussi à des codes sociaux. Selon plusieurs témoignages, ils peuvent être rejetés ou moqués s’ils cherchent à se mettre en avant sur les réseaux. Ce constat est renforcé par certaines pratiques : les garçons sont valorisés quand ils accumulent des photos de filles sur leur téléphone, ce qui contribue à consolider un modèle masculin dominant, mais restent discrets sur leur propre vie privée.
Ce contraste entre visibilité des filles et retrait des garçons sur les réseaux sociaux, comme Instagram ou TikTok, nourrit les stéréotypes de genre et alimente de nouveaux défis pour les adolescents et les familles.
