Les vacances de 2025 reflètent une fracture écologique et générationnelle notable dans les modes de voyage. Tandis que les baby-boomers renouent avec les croisières, une activité longtemps perçue comme un luxe désuet, les jeunes générations adoptent des moyens de transport plus écologiques, mais ressentent aussi une part de culpabilité liée à leur empreinte carbone. Entre innovations dans le secteur maritime et la montée des alternatives comme la SNCF et le covoiturage, le voyage devient un terrain où se joue un dialogue complexe entre plaisir, conscience environnementale et héritage générationnel.
Pourquoi les croisières séduisent à nouveau les baby-boomers et s’ouvrent aux jeunes
Les croisières ont longtemps été l’apanage des générations plus âgées, souvent associées à des vacances tranquilles en mer. Aujourd’hui, des compagnies comme MSC Croisières, Costa Croisières ou encore Norwegian Cruise Line adaptent leur offre pour attirer un public plus jeune. Le navire Scarlet Lady de Virgin Voyages en est une illustration : avec des soirées animées, des espaces instagrammables, et des services flexibles loin des repas figés traditionnels, l’industrie vise à séduire les milléniaux et la génération Z qui représentent désormais une part significative de ses clients.
Selon la Cruise Lines International Association, en 2023, les milléniaux représentaient 22 % des passagers, tandis que la génération Z en constituait 14 %. Cette tendance s’inscrit dans un contexte où de nombreux jeunes ont grandi en partant en croisière avec leurs parents, facilitant ainsi leur retour aujourd’hui. Lydia Tempest-Mitchell, 19 ans, a déjà effectué en une vingtaine de voyages en croisière, explorant l’Europe, l’Amérique du Sud et les îles grecques. Son expérience démontre que la croisière peut être perçue comme une forme de road trip maritime permettant de combiner plaisir, découverte et convivialité.
Adaptations des croisiéristes face aux préoccupations environnementales et aux attentes des jeunes
Pour répondre à la crainte de se sentir « piégés », à la courte durée d’attention supposée des jeunes voyageurs et aux critiques écologiques, les entreprises de croisière ont introduit des croisières plus courtes et des itinéraires plus variés, incluant des activités de nature, comme des randonnées ou des excursions en kayak. Ces offres attirent également les groupes multigénérationnels, qui représentent près de 28 % des croisiéristes modernes.
Pour autant, les critiques persistent, notamment de la part des organisations comme Greenpeace, qui soulignent le bilan carbone lourd des navires. Cette tension illustre bien la difficulté à concilier la normalisation d’un loisir perçu comme responsable par certains et la conscience écologique qui s’impose à la jeunesse.
La montée en puissance des voyages « climatiquement responsables » chez les jeunes générations
Alors que les boomers prennent la mer, les jeunes adultes privilégient de plus en plus des modes de transport jugés plus écologiques, tels que le train ou le covoiturage. En Europe, Voyages SNCF et TGV INOUI jouent un rôle clé dans cette mutation, favorisant notamment l’utilisation de l’Interrail pour des déplacements flexibles à moindre impact climatique. Le covoiturage avec des plateformes comme Blablacar séduit aussi par son aspect communautaire et durable.
Cette tendance témoigne d’une réelle prise de conscience des enjeux environnementaux, mais aussi d’une « éco-anxiété » qui touche particulièrement les jeunes. Cette anxiété peut parfois générer une forme de culpabilité, voire un sentiment d’inaction face à la nécessité urgente de changer le monde. Les articles comme celui de Mes Citations sur l’éco-anxiété illustrent comment ce vécu peut devenir moteur de transformations, mais aussi de tensions familiales ou générationnelles.
Intermodalité et choix de voyage : plus qu’une tendance, un engagement générationnel
La coexistence des croisières multi-destinations et des alternatives de faible empreinte comme le TGV ou l’Interrail montre que la jeunesse ne rejette pas le voyage, mais cherche à le repenser. Ces derniers combinent souvent plusieurs moyens de transport, s’appuyant sur un réseau ferré performant ou sur le covoiturage pour limiter les émissions. Cette évolution est d’autant plus remarquable qu’elle s’accompagne d’un effort d’innovation dans les activités proposées — par exemple, la montée en popularité des nouvelles formes d’activités écologiques et technologiques qui remplacent certains sports traditionnels.
Une fracture générationnelle plus culturelle qu’écologique ?
Au-delà des choix de transport, l’opposition entre boomers et jeunes générations révèle surtout une incompréhension mutuelle exacerbée par des représentations souvent caricaturales. Tandis que certains jeunes voient les boomers comme responsables d’un monde consumériste aux dégâts environnementaux irréversibles, ces derniers rappellent un contexte historique où la conscience écologique était en gestation, et où les préoccupations sociales et politiques étaient également intenses.
Le dialogue intergénérationnel peine parfois à s’enrichir, faute d’empathie et de curiosité, comme l’analyse cette réflexion sur le décalage des générations face à l’éco-anxiété. Plutôt que d’opposer les usages, c’est cette compréhension commune des enjeux qu’il convient de renforcer, notamment par la valorisation de toutes les formes d’engagements, qu’ils soient issus de la tradition ou des innovations actuelles.
