La culture des jeunes en 2025 est marquée par une dynamique inattendue : loin d’être de simples consommateurs, ils deviennent de véritables acteurs et créateurs culturels. Cette transformation survient dans un contexte où l’accès à la culture traditionnelle se heurte à des freins économiques et géographiques. Pourtant, à travers Spotify, TikTok, Instagram, ou encore Twitch, ils inventent de nouveaux modes d’expression, bousculant les contours de ce que recouvre aujourd’hui la notion même de culture.
La création culturelle des jeunes au cœur des nouvelles dynamiques numériques
À l’ère du numérique, les jeunes s’approprient la culture non plus seulement par la consommation, mais par la création active. Sur des plateformes comme YouTube, Snapchat ou SoundCloud, ils produisent musiques, vidéos, podcasts et autres contenus qui réinventent la sphère culturelle. Cette révolution participative ne se limite pas aux loisirs : elle devient un vecteur d’émancipation et une forme d’apprentissage social et identitaire.
Cet engouement pour la création trouve des relais dans les réseaux sociaux et plateformes spécialisées telles que Apple Music ou Deezer, où les jeunes talents émergent souvent avant d’être reconnus par les circuits traditionnels. Ce phénomène est une réponse claire à une offre culturelle parfois perçue comme élitiste ou déconnectée des réalités de leur vie quotidienne, notamment dans les zones rurales où l’offre est limitée.
Les freins économiques et géographiques qui encouragent la création autonome
Un constat en demi-teinte émane de l’étude publiée début 2025 par l’Observatoire E.Leclerc avec Ipsos : près de la moitié des 13-25 ans ne peuvent pas acheter régulièrement des biens culturels. Le coût élevé (57 %), le manque de temps (46 %) et les difficultés de transport (24 %) pèsent lourdement sur leur accès à la culture traditionnelle, comme les cinémas, théâtres ou musées.
Cette vulnérabilité économique pousse les jeunes à investir dans la création numérique, souvent accessible gratuitement via Twitch ou Netflix, mais aussi à travers des contenus originaux publiés sur TikTok ou Instagram. Cette fracture territoriale n’est donc plus uniquement un obstacle, mais aussi un moteur de créativité inédite.
Une culture vivante, hybride et plurielle portée par les jeunes
Malgré les barrières, 92 % des jeunes considèrent la culture comme une source essentielle de richesse personnelle et collective. La consommation de musique sur Spotify ou Deezer, le visionnage de séries sur Netflix, ou encore le gameplay streamé sur Twitch, témoignent d’une culture vivante et diversifiée, souvent vécue dans l’intimité du foyer.
Mais derrière cette préférence pour des formes culturelles numériques, les jeunes fantasment une culture plus proche, plus accessible, et surtout plus représentative de leurs expériences. Ils valorisent les formats interactifs, les contenus créatifs et les échanges communautaires, où ils peuvent s’exprimer librement et construire leur identité.
Ce nouvel horizon culturel questionne les institutions classiques, souvent perçues comme déphasées, et invite à repenser les stratégies d’inclusion et de médiation culturelle, notamment dans l’éducation. Pour approfondir les enjeux liés à la diversité culturelle chez les jeunes, cet article éclaire sous un angle neuf ces mutations.
Le rôle des prescripteurs et des espaces culturels face à ces mutations
Malgré une autonomie croissante, les jeunes restent fortement influencés par leur entourage familial et les structures commerciales. 85 % d’entre eux participent à des sorties culturelles avec leurs parents et continuent de dépendre financièrement de leur soutien pour acquérir des biens culturels.
Les grandes surfaces spécialisées, notamment les Espaces Culturels E.Leclerc, jouent un rôle clé : 55 % des jeunes y ont acheté un produit culturel en 2024, faisant de ces enseignes des ponts entre la culture conventionnelle et le public jeune. Cette tendance coexiste avec l’explosion des contenus et tutoriels sur TikTok, qui séduisent 65 % des 13-25 ans, attestant d’une hybridation singulière entre numérique et culture traditionnelle.
Entre patrimoine et innovation : repenser une politique culturelle adaptée aux jeunes créateurs
Face aux constats de précarité et de déclassement culturel, des initiatives comme le Pass Culture ont émergé pour donner à la jeunesse un accès facilité à la culture. Mais ces dispositifs peinent encore à répondre pleinement à leurs attentes ni à inverser durablement la fracture.
La gratuité des musées nationaux pour les 18-25 ans depuis plus d’une décennie est une avancée, mais insuffisante pour compenser un environnement où l’offre locale se raréfie. Pour les acteurs associatifs comme ATD Quart Monde, une démocratisation plus profonde est nécessaire, condition sine qua non pour que la culture devienne un levier d’émancipation sociale véritable.
La jeunesse souhaite que la culture ne soit plus un luxe réservé à quelques-uns, mais un terrain d’expression et d’échange où ils puissent construire leur avenir. À ce titre, l’émergence des artistes numériques, qui parfois remplacent les pratiques traditionnelles, est un exemple inspirant pour insuffler une nouvelle vie à la création artistique contemporaine, sujet exploré dans cet article éclairant : Les artistes numériques remplacent les peintres : révolution ou app ?.
