Snapchat, Instagram, BeReal… nos vies sont-elles faites pour être vues ? Chez les jeunes, l’image sociale semble occuper le devant de la scène, au point de transformer des moments ordinaires du quotidien en véritables histoires à partager. Mais que cachent réellement ces usages ?
Instagram, Snapchat et TikTok : les réseaux sociaux stars de la Génération Z
En 2025, Instagram garde sa place de plateforme reine auprès des 16-25 ans : quasiment 90% de cette tranche d’âge y sont présents. Parmi eux, beaucoup postent des photos de vacances, partagent leurs tenues du jour ou des extraits de leur vie.
À titre d’exemple, Lisa, étudiante de 20 ans, commence chaque matin par poster une « story » sur Snapchat ou Instagram pour montrer son look. Autre rival fort : TikTok. Il explose avec 63% d’utilisateurs dans cette même génération. Là, ce sont les vidéos courtes et créatives, souvent humoristiques ou tendances, qui priment.
Les réseaux se partagent différents rôles : YouTube sert surtout à regarder et partager des vidéos, tandis que Discord permet la discussion entre amis, souvent autour de jeux vidéo ou de projets communs.
Les réseaux sociaux, plus qu’une question d’apparence ?
Derrière cette omniprésence, il y a bien plus qu’une obsession du style. Beaucoup utilisent ces plateformes pour rester connectés à leurs amis, suivre des actualités ou trouver du réconfort après une journée difficile. Sur Facebook, moins utilisé mais encore présent, les jeunes rejoignent des groupes pour échanger sur leurs études, un stage ou des bons plans.
Prenons l’exemple de Romain, 21 ans, qui raconte : « J’ai supprimé Twitter et Messenger car je n’y retrouvais plus mes amis. Aujourd’hui, tout passe par WhatsApp ou Instagram. » Ce choix montre comment les usages évoluent : on reste là où sont ses proches, quitte à désinstaller certaines applis.
Ce besoin de validation sociale apparaît aussi à travers le nombre de likes, de réactions ou de vues sur les publications. L’envie d’être reconnu ou apprécié par son entourage virtuel influe sur la manière dont chacun se montre.
BeReal : la recherche d’authenticité sans filtre
Parallèlement, certains jeunes cherchent à se détacher des images trop parfaites. Sur BeReal, par exemple, une notification inattendue invite les utilisateurs à se prendre en photo, en deux minutes, dans leur réalité du moment, sans filtre ni préparation.
Arthur, 18 ans, explique : « Le meilleur, c’est quand le BeReal tombe à une soirée. Là, tout le monde veut être sur la photo ! Mais si c’est en classe, c’est moins fun. » Cette anecdote montre à quel point l’authenticité reste paradoxalement scénarisée et soumise à la valorisation du contexte.
Snapchat et Instagram proposent eux aussi des fonctions « sans filtre », traduisant une demande croissante de naturel. Pourtant, l’envie de se montrer sous son meilleur jour persiste : filtres, bonnes lumières et positions avantageuses sont toujours de la partie.
Temps passé et sentiment de dépendance : addiction ou simple habitude ?
Chez les jeunes, la connexion aux réseaux sociaux est très forte : presque un sur cinq passe plus de 5h par jour sur ces plateformes. Environ 45% y consacrent entre 3h et 5h. Les raisons varient : discuter avec ses amis sur Discord, trouver des stages via LinkedIn, ou simplement s’inspirer des créateurs sur TikTok.
Certains, comme Julie, 22 ans, disent pouvoir s’en passer quelques jours, mais avouent ressentir un manque : « Je me surprends à ouvrir Whatsapp ou Messenger automatiquement, même si je n’ai rien à dire ». Cette habitude questionne la frontière entre plaisir et dépendance.
Se construire et se valider : nouvelles règles des liens sociaux
Dans cette course à l’image sociale, il ne s’agit pas seulement de paraître. Les réseaux comme Instagram ou Snapchat offrent aux jeunes un moyen de se raconter et même de recevoir des marques de reconnaissance qui aident à se sentir bien dans sa peau.
Cette visibilité n’existait pas il y a 30 ans. À présent, chacun devient le narrateur de sa propre histoire et choisit comment il se présente – que ce soit pour montrer ses passions, ses réussites, ou tout simplement partager son quotidien.
En somme, l’image sociale n’est qu’un miroir : parfois déformant, parfois rassurant, mais toujours ancré dans les nouvelles manières de se lier et d’exister.
