À l’aube de 2025, les aspirations des jeunes diplômés se redéfinissent drastiquement. L’époque où le salaire était le seul moteur s’efface doucement au profit d’une quête plus profonde : celle de donner du sens à sa carrière. Témoignages et études convergent pour révéler un profond ras-le-bol des métiers dits « bullshit job » ; désormais, le jeune actif cherche à contribuer positivement à la société tout en tirant une reconnaissance tangible de son effort. Dans un monde bouleversé par l’inflation, la transition écologique et un environnement professionnel en mutation, la tension est palpable. Ce changement de paradigme n’est pas anodin : il relève d’une recherche d’équilibre, d’éthique et d’utilité sociale et économique.
Comment les jeunes diplômés redéfinissent leurs attentes professionnelles en 2025
Depuis plusieurs années, les jeunes issus des grandes écoles et universités affichent une priorité claire : avoir un emploi bien rémunéré mais surtout porteur de signification. Mohamed, 24 ans, fraîchement diplômé d’ISC Paris, incarne cette génération. « Le salaire est ma priorité à cause de l’inflation, mais je veux aussi apprendre, évoluer et surtout trouver un travail utile », confie-t-il. Cette double exigence marque une rupture avec les pratiques classiques. Un sondage mené par Toluna Harris interactive pour l’Etudiant et Epoka confirme que 83 % des diplômés privilégient aujourd’hui la rémunération, mais sans sacrifier l’intérêt des missions (73 %) ni leur développement professionnel.
Une rémunération essentielle mais pas exclusive
Dans un contexte économique tendu et inflationniste, la rémunération reste évidemment déterminante, cristallisant les besoins immédiats liés au coût de la vie. Toutefois, la qualité de vie au travail et la flexibilité des horaires deviennent des critères incontournables. Bruno Pavie, DRH de NGE, souligne que les jeunes diplômés demandent un juste équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Cette tendance se traduit par une demande accrue de modalités hybrides de travail : plus de la moitié des sondés souhaitent au moins deux jours de télétravail par semaine et 70 % estiment qu’une politique claire à ce sujet est un facteur d’attractivité. L’émergence du télétravail rend les entreprises comme La Ruche qui dit Oui ! ou Phenix exemplaires dans ce domaine.
Le sens au travail : un critère incontournable pour les jeunes générations
Au-delà du salaire, la majorité absolue des jeunes diplômés (61 %) souhaitent exercer un métier qui fait sens non seulement pour eux, mais aussi pour la société. Cette quête de signification dépasse largement la simple responsabilité sociale des entreprises (RSE), souvent perçue comme secondaire. Pourtant, chez les écoles d’ingénieurs, la RSE progresse notablement, attirant 58 % des étudiants qui aspirent à des engagements forts sur la transition écologique et la décarbonation économique. Pour nombre d’entre eux, intégrer des entreprises engagées dans cette dynamique est une priorité, notamment grâce aux initiatives de réseaux comme Makesense, Civic Tech France ou OuiShare qui dressent des ponts entre valeurs et métiers.
Reconnaitre et éviter les bullshit jobs pour un engagement sincère
La dénonciation des « bullshit jobs » – ces emplois perçus comme vides de sens – fait désormais consensus. Laure Caniot-Genevois, fondatrice de la start-up « mon job de sens », souligne que la vraie recherche de sens réside dans l’alignement personnel plutôt que dans une fonction spécifique ou une structure donnée. Elle utilise la méthode japonaise Ikigai pour aider chacun à s’interroger sur ses compétences, ses passions, ses valeurs et la viabilité financière de son projet professionnel. Cette démarche a permis à des jeunes comme Thibault Bastin et Barthélémy de « Les talents d’Alphonse » d’oser créer une entreprise à impact, dépassant la simple logique salariale.
L’industrie, une filière en renaissance grâce au sens et à la responsabilité environnementale
L’industrie, longtemps perçue comme peu attrayante par les jeunes, connaît une remarquable inversion de tendance. Des entreprises industrielles telles qu’Airbus, Alstom ou ArcelorMittal brillent à nouveau sur les radars des étudiants ingénieurs. Cette attractivité nouvelle reflète une prise de conscience : agir concrètement dans la décarbonation et la transition écologique passe par la présence sur le terrain, dans les ateliers et usines, là où les choix techniques influencent réellement l’impact environnemental. À l’opposé, certains secteurs comme l’agro-alimentaire ou le conseil en stratégie subissent un reflux d’intérêt, conscient des critiques parfois liées à leur impact perçu.
Simplifier le recrutement pour répondre à l’urgence d’engagement
Conscients de leur potentiel et impatients de s’investir rapidement, la majorité (52 %) des jeunes diplômés réclament des processus de recrutement plus simples et rapides. Ils souhaitent moins d’étapes, des échanges plus directs avec les managers opérationnels et une transparence accrue sur les rémunérations et les avantages sociaux. La question de l’accessibilité aux offres d’emploi est également centrale : pouvoir postuler sans passer par des inscriptions multiples améliore significativement l’attractivité. Certains acteurs emblématiques du développement durable comme Enactus France ou Les Petits Débrouillards privilégient cette fluidité pour attirer les talents engagés.
L’évolution des aspirations des jeunes professionnels montre une rupture nette avec les modèles traditionnels. Leur ambition n’est plus seulement économique mais vise une contribution authentique aux enjeux de notre époque. Le mouvement s’inscrit dans un paysage entrepreneurial et associatif foisonnant où la créativité, les valeurs et l’impact social permettent d’éviter les travers du « bullshit job ». Pour en savoir plus sur la transformation des valeurs au travail, découvrez les analyses pertinentes sur Mes Citations et d’autres réflexions éclairantes sur la culture et l’éducation sur Mes Citations Culture.
