Lire, écrire, compter… et programmer ? Dans les écoles, la question n’a plus rien d’anecdotique. Alors que les entreprises cherchent des profils capables de dialoguer avec les machines, on se demande si l’on doit initier les enfants au code dès la primaire.
Dans une classe de CE2, Lina, 9 ans, fait bouger un petit chat sur Scratch pour raconter son conte. Elle ne “bricole” pas: elle séquence, structure une histoire, corrige des erreurs. À l’heure où l’on répète que 80 % des métiers de demain n’existent pas encore, la programmation ressemble moins à une lubie qu’à une nouvelle grammaire de l’avenir.
Métiers de demain : apprendre à coder dès la primaire, atout ou mirage ?
Apprendre le langage des machines ne revient pas à former des cohortes de développeurs précoces, mais à donner à tous des réflexes de pensée utiles face au numérique: décomposer un problème, tester des hypothèses, accepter l’erreur pour mieux recommencer. Coder, c’est surtout dire à une machine quoi faire, que ce soit afficher un texte sur fond rose ou guider un jet d’eau pour découper une pièce de métal.
Le code est accessible à hauteur d’enfant quand on part du jeu et du récit. Sur Code.org et son Studio Code, les défis pas à pas montrent qu’un projet simple peut naître en quelques séances. L’enjeu n’est pas la vitesse, mais la compréhension de ce que l’on fabrique. Et cette compétence irrigue bien au-delà de l’écran.
C’est quoi « coder » en primaire ? La réponse qui dédramatise
« La programmation permet de créer quelque chose à partir de rien », résume Mark Zuckerberg. Pour un enfant de 8 ans, cela veut dire assembler des instructions comme des Lego: au début, puis, ensuite, enfin. Des ateliers comme Magic Makers ou les écoles Algora transforment ces blocs en histoires animées ou petits robots qui obéissent.
On peut aussi initier sans écran, avec des parcours fléchés et des cartes d’actions, avant de passer à Scratch sur tablette. Des médiateurs comme La Souris Grise montrent que le code nourrit l’imaginaire autant que la technique. On ne “hackerise” pas l’enfance : on lui offre un nouveau langage pour raconter le monde.
Apprendre à programmer à l’école primaire : effets sur lecture, écriture et logique
Programmer une scène oblige à ordonner le récit : identifier un début, un milieu, une fin, choisir un chemin plutôt qu’une suite de “et après”. Ces compétences de séquencement rejaillissent sur la lecture et la production d’écrits. Lina l’a vécu: en réglant le moment où son personnage parle, elle a compris pourquoi son brouillon d’histoire perdait ses lecteurs.
Cela n’empêche pas les émotions. Certains enfants redoutent l’échec, d’autres s’enflamment. Les enseignants le savent: accompagner les profils sensibles change tout. Ce témoignage sur la parentalité éclairée en dit long sur l’écoute nécessaire: “mon fils est hypersensible”. Le code devient alors un espace sécurisé pour essayer, rater, recommencer.
IA générative et écoles : faut-il encore apprendre le code quand la machine code déjà ?
En classe comme au bureau, l’IA écrit des lignes à la demande. Mais qui vérifie, qui corrige, qui conçoit ? Apprendre tôt la logique de programmation, c’est vacciner contre le “tout-automatique” et former des esprits capables de contrôler la machine. Des parcours pour les grands — OpenClassrooms, Le Wagon, Simplon.co — montrent d’ailleurs que l’on combine désormais outils d’IA, no-code et code selon les projets.
L’enjeu social n’est pas mince: le numérique ne doit pas devenir un privilège culturel. Ce questionnement sur la culture parle aussi d’accès aux savoirs: “la culture est-elle réservée aux enfants de bobos ?”. À l’école, l’initiation au code peut réduire les écarts si l’on propose des activités gratuites, inclusives, et des clubs comme la DigitAll Académie ouverts à tous.
Par où commencer en CM1-CM2 : ressources et ateliers qui marchent vraiment
À l’école ou à la maison, on peut débuter par Code.org (parcours Studio Code) et Scratch pour raconter des histoires interactives. Puis, selon l’appétence, explorer des clubs locaux (les ateliers Magic Makers, les écoles Algora) ou des médiations culturelles proposées par La Souris Grise. Pour les ados, un premier pas vers Python prépare aux sciences de la donnée; des organismes comme DigitAll Académie cultivent ces passerelles.
Les familles qui redoutent la fracture numérique peuvent s’appuyer sur des initiations publiques et des bourses. Et pour aller plus loin ensuite, des formats accessibles existent chez OpenClassrooms, Le Wagon ou Simplon.co — l’idée n’est pas de presser, mais de garder le plaisir. Les mini-stages ont parfois des airs de petites colonies: on y apprend à coopérer autant qu’à coder, ce qui rappelle ce débat nécessaire sur la vie en collectivité: dormir avec ses camarades, rite initiatique ?
Reste le sens: pourquoi initier maintenant ? Parce que le code ouvre des portes dans tous les métiers, qu’on les imagine ou non. Ce repère, encore: “80 % des métiers de demain n’existent pas encore”. Autant outiller nos enfants pour choisir, plutôt que subir.
Pour découvrir d’autres angles éducatifs et sociétaux en miroir de cette transformation, nos lecteurs pourront aussi creuser cet éclairage sur la place de la culture: la culture est-elle réservée aux enfants de bobos ?
