Depuis plusieurs années, un nombre croissant de parents d’élèves se demandent s’il faut maintenir leurs enfants dans le collège public ou choisir un enseignement privé. Cette hésitation gagne de plus en plus de familles, inquiètes de voir leurs enfants confrontés à des réalités difficiles : épisodes de violence, absence répétée d’enseignants, baisse de la qualité de l’enseignement ou encore manque de sécurité scolaire. Les inquiétudes parentales sont palpables, et la réputation des établissements devient un critère déterminant dans le choix scolaire. Cette fuite inquiète les institutions et bouleverse l’équilibre entre école publique et privée, alors que la question de la mixité sociale ne cesse d’alimenter les débats.
Violence et absentéisme : la double peine du collège public
Les histoires de parents comme celle de Nadia, qui a dû retirer son fils d’un collège public après de multiples altercations et cours manqués à cause d’enseignants absents, ne manquent pas. Ce phénomène est désormais commun dans les discussions de parents d’élèves. La sécurité scolaire est trop souvent compromise, parfois par la présence de quelques élèves perturbateurs qui déstabilisent tout un établissement. Par exemple, à Chaville, les incidents causés par un enfant de 5 ans non sanctionné ont semé la panique durant plusieurs mois. Ce type de situation fragilise la réputation des établissements publics et pousse des familles à s’interroger sur l’avenir de leurs enfants.
Les raisons derrière la fuite scolaire et le choix du privé
La fuite scolaire vers l’enseignement privé repose sur un sentiment partagé : le collège public n’offre plus la sérénité ni l’encadrement attendus. Les parents aspirent à un environnement où la qualité de l’enseignement est maintenue sans interruption. Le privé apparaît alors comme le refuge face à la multiplication des grèves ou aux changements de professeurs non remplacés. L’école Hattemer, réputée pour l’exigence de ses programmes, est souvent citée en exemple pour sa rigueur et l’engagement de ses enseignants. Des familles se saignent parfois pour payer ces établissements, persuadées de garantir à leurs enfants un futur meilleur.
Quid de la mixité sociale et de l’équité à l’école ?
Une autre angoisse chez de nombreux parents concerne la mixité sociale. Certains redoutent une accentuation du « chacun chez soi », dénonçant un effet d’entre-soi dans le privé, mais aussi une concentration des difficultés dans certains collèges publics. Le débat fait rage à Paris, où des fermetures de classes publiques contrastent avec l’ouverture de nouvelles classes dans le privé, alors même que ce secteur doit parfois refuser des inscriptions faute de place.
Les responsables éducatifs tentent de rassurer, mais beaucoup estiment que la dégradation du service public est « enterrée » par la croissance du privé. Pour preuve, en 2025 plus de deux millions d’élèves sont scolarisés dans les structures privées, presque exclusivement sous le réseau catholique, tandis que les chiffres sont en hausse dans les établissements juifs, musulmans et laïques.
Chercher l’excellence et la sécurité : un cercle vicieux pour le public
Pour Paul, père de deux collégiens, le choix du privé s’est imposé suite à de multiples déceptions dans le public : pas de remplaçant sur deux mois en maths, surveillants dépassés, bagarres régulières dans la cour. « Nous voulions juste que nos enfants apprennent dans un climat respectueux », explique-t-il. Ce basculement massif vers le privé fragilise le système public, qui se retrouve alors privé de familles investies et de moyens. C’est un cercle vicieux : plus les établissements publics perdent d’élèves, moins ils bénéficient de financements, aggravant encore leurs difficultés.
Comment retrouver la confiance dans l’école publique ?
Face à la multiplication des inquiétudes parentales, plusieurs leviers peuvent restaurer la confiance : un meilleur suivi des élèves en difficulté, des sanctions plus nettes contre les violences, et une gestion efficace de l’absentéisme enseignant. Certains syndicats appellent à une refonte du système, d’autres misent sur des partenariats plus solides entre parents, équipes éducatives et collectivités locales. La priorité reste de garantir à tous un même niveau d’exigence, quelles que soient les origines sociales ou le secteur choisi.
Pour l’instant, la réputation des établissements privés, alliée à une organisation souvent jugée plus efficace, continue d’attirer des familles de tous horizons, laissant planer une question centrale : l’école publique pourra-t-elle retrouver sa place de confiance et de réussite pour tous ?
