Face à l’ampleur de la crise climatique, une inquiétude grandissante traverse toutes les générations : l’éco-anxiété. Pourtant, loin d’être une pathologie ou un trouble mental, elle se révèle être une réaction parfaitement normale à une menace réelle et actuelle. Cette anxiété environnementale, qui touche particulièrement les jeunes et les femmes, traduit un attachement profond à notre planète et une prise de conscience de l’urgence à agir.
Comprendre l’éco-anxiété : une réponse naturelle face à la crise climatique
Depuis plusieurs années, l’éco-anxiété est souvent perçue à tort comme une forme de maladie mentale. Des personnalités comme Cláudia Agostinho, une jeune infirmière portugaise engagée, illustrent pourtant comment cette angoisse face aux dérèglements climatiques devient un moteur d’action collective. Le Portugal, où l’on observe des taux particulièrement élevés d’éco-anxiété, surtout chez les femmes, témoigne de cette réalité partagée par des millions de personnes à travers le monde.
Contrairement à une souffrance pathologique, cette anxiété traduit un sentiment d’urgence et une conscience aiguë des risques liés au changement climatique. Elle fluctue également au rythme des saisons, s’atténuant en hiver face aux paysages apaisants et s’amplifiant au printemps et en été avec la recrudescence des événements climatiques extrêmes.
L’éco-anxiété, un moteur d’engagement et d’action positive
Une vaste méta-analyse menée par Clara Kühner et son équipe a compilé les données de 94 études, portant sur près de 171 000 personnes dans 27 pays. Elle révèle que l’éco-anxiété touche principalement les jeunes, les femmes, et ceux qui se sentent étroitement connectés à la nature. Paradoxalement, si cette anxiété tend à diminuer le bien-être émotionnel, elle stimule en même temps l’implication dans des actions concrètes en faveur de l’environnement.
Ces résultats confirment que l’éco-anxiété, loin d’être un obstacle, peut être un levier puissant pour impulser une transition écologique urgente. Greenpeace ou WWF, par exemple, travaillent à canaliser cette énergie anxieuse en mobilisations citoyennes, tandis que des structures comme Naturschutzbund Deutschland (NABU) encouragent des actions locales concrètes.
Pourquoi les femmes ressentent-elles davantage l’éco-anxiété ?
Plusieurs éléments expliquent cette différence majeure. Les femmes, souvent investies dans des rôles de soin et protectrices des générations futures, affichent des valeurs biosphériques et altruistes plus marquées. Elles expriment ainsi une préoccupation accrue pour la santé de la planète et le bien-être collectif.
Par ailleurs, leur vulnérabilité augmentée face aux effets du changement climatique – en particulier dans des contextes socio-économiques précaires comme celui du Portugal –, joue un rôle indéniable. En outre, ces dernières adoptent des comportements plus respectueux de l’environnement, parfois perçus comme féminins par certains hommes, ce qui complexifie la reconnaissance de cette anxiété.
Les initiatives de marques engagées comme Lush, Bamboo Brush, Ethique, Bio c’Bon, Nature & Découvertes, Terres d’Absence, ou Les Petits Chariots attestent de cette tendance à une consommation écoresponsable plus marquée notamment chez les femmes.
Briser les stéréotypes pour favoriser la reconnaissance de l’éco-anxiété
Si l’éco-anxiété est parfois moquée ou minimisée, notamment par certains médias ou responsables politiques, il est vital de la normaliser. Encourager des figures publiques à partager leur propre expérience d’angoisse climatique pourrait modifier les normes sociales et convaincre davantage de personnes à exprimer leurs inquiétudes.
Des projets éducatifs innovants intègrent désormais l’éco-anxiété dans leurs programmes afin d’aider à gérer ces émotions et d’inciter à des actions concrètes, par exemple en augmentant la biodiversité scolaire ou en orientant les jeunes vers des carrières « utiles pour sauver la planète » (lire plus).
Transformer l’éco-anxiété en force collective
Alors que le déni face à l’éco-anxiété persiste, il importe de revoir notre regard sur cette émotion. Comme le souligne Clara Kühner, ce qui est inquiétant, c’est davantage l’absence totale de peur face au changement climatique.
Mobiliser cette anxiété suppose de donner à chacun des outils et des espaces d’expression. À travers des initiatives locales et des campagnes internationales, il devient possible de canaliser cette inquiétude en actions tangibles. Greenpeace, WWF, mais aussi Naturschutzbund Deutschland (NABU) y contribuent par leurs programmes de sensibilisation et d’engagement.
Par ailleurs, pour mieux comprendre les dynamiques émergentes autour des métiers liés à la transition, il est utile de s’intéresser aux aspirations professionnelles des jeunes, entre éco-anxiété et rêves de carrière (détails ici).
Pour approfondir les différentes dimensions de l’éco-anxiété, son impact sur les relations sociales et les moyens d’accompagnement, voir également les enquêtes suivantes : l’éco-anxiété et les relations sociales, la saturation des professionnels de santé mentale ou encore la médicalisation contestée de l’éco-anxiété.
