En 2025, l’argent de poche des adolescents continue d’évoluer dans un contexte économique marqué par une inflation soutenue et des inégalités toujours présentes. Si la majorité des parents tendent à augmenter modestement leurs versements, certains jeunes bénéficient d’une générosité qui rivalise avec des revenus bien supérieurs à la moyenne, parfois même dépassant le SMIC mensuel. Derrière ces chiffres, des disparités selon l’âge, le sexe, la région, et le parent gestionnaire dévoilent des réalités sociales et culturelles profondes. Entre les stratégies d’éducation financière proposées par des acteurs tels que Lydia ou N26, et les différentes pratiques des banques comme la Banque Populaire, le Crédit Agricole ou La Banque Postale, l’argent de poche demeure un puissant révélateur des dynamiques familiales et sociétales.
Montants et tendances : une augmentation modérée mais insuffisante face à l’inflation
Selon le dernier baromètre publié par le Teenage Lab de Pixpay, 57 % des adolescents reçoivent régulièrement de l’argent de poche en 2025, ce qui marque une augmentation de 2 % par rapport à l’année précédente. En moyenne, ce montant atteint désormais 36 euros par mois, en hausse par rapport aux 33 euros de 2023 et 31 euros de 2021, traduisant une progression constante, mais qui ne suit pas totalement le rythme de l’inflation.
L’augmentation reste donc bien plus modérée que la hausse des prix, soulignant une générosité contrôlée des parents qui cherchent à éviter un impact économique trop important dans leurs budgets familiaux. Neuf fois sur dix, cet argent est versé mensuellement et sert souvent à couvrir des dépenses liées aux loisirs ou à la gestion quotidienne.
L’âge comme facteur clé de l’argent de poche versé
Mais ce sont surtout les différences liées à l’âge qui ressortent avec force. Les plus jeunes, âgés de 10 à 12 ans, reçoivent autour de 24 euros mensuels, tandis que les adolescents majeurs dépassent en moyenne 56 euros, certains bénéficiant de montants bien supérieurs à cette moyenne et approchant, voire dépassant, le SMIC mensuel. Cette disparité illustre l’évolution des responsabilités financières attendues à mesure que les jeunes gagnent en autonomie.
Des solutions innovantes comme Pump et CashSentinel proposent aux familles de gérer ces allocations de manière dématérialisée, avec des outils pédagogiques pour accompagner la maîtrise des finances.
Inégalités de genre et disparités régionales dans l’argent de poche des ados
Au-delà de l’âge, le sexe influence aussi considérablement la somme accordée aux adolescents. Le Teenage Lab souligne que les garçons reçoivent en moyenne 5 euros de plus par mois que les filles, soit une différence annuelle de près de 80 euros. Ce décalage, aggravé à l’adolescence, peut atteindre jusqu’à 15,5 euros par mois chez les 16-18 ans — un véritable creusement des inégalités dès le plus jeune âge.
Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large d’inégalités économiques et sociales, où les préjugés et biais inconscients liés à la gestion financière s’ancrent dès l’enfance. Caroline Ménager, cofondatrice de Pixpay, explique que les garçons sont souvent encouragés à prendre plus de risques financiers, tandis que les filles doivent apprendre à être plus prudentes.
Cette réalité est exacerbée dans certaines régions comme la Bourgogne-Franche-Comté ou les Hauts-de-France où l’écart peut atteindre 14 euros mensuels, alors que des zones comme la Corse, les Pays de la Loire ou le Centre-Val-de-Loire affichent des écarts nettement plus faibles.
Les mères assurent la gestion, mais les pères sont plus généreux
Dans 74 % des foyers, les mères tiennent les rênes de la gestion de l’argent de poche, une responsabilité qui s’ajoute souvent à une charge mentale déjà lourde. Curieusement, ce sont les pères qui, bien que moins impliqués, distribuent des montants en moyenne 5 euros plus élevés. Cela souligne l’importance du rôle parental dans la distribution des ressources et soulève des questions sur les dynamiques de pouvoir et les normes culturelles dans la famille.
Pourtant, l’implication massive des mères ne s’accompagne pas nécessairement d’une meilleure équité. Les filles, souvent conscientes de ces écarts, sollicitent plus fréquemment un supplément d’argent (57 % des demandes), mais avec des montants légèrement inférieurs aux garçons, et leurs requêtes sont un peu moins acceptées que celles des garçons (26 % contre 27 %).
Argent de poche, éducation financière et alternatives bancaires modernes
L’argent de poche est un premier moyen d’apprentissage de la gestion financière, un sujet pris à cœur par de nombreux établissements et services bancaires. Des acteurs comme MangoPay ou Kara développent des services pour accompagner les adolescents dans la maîtrise de leur budget, favorisant une éducation financière plus équitable.
Banques historiques comme la Banque Populaire, le Crédit Agricole et La Banque Postale ont également innové en proposant des offres spécifiques adaptées aux jeunes, s’inscrivant dans une volonté de démocratiser l’accès aux services bancaires modernes, notamment via des applications mobiles et des cartes prépayées sécurisées.
Ces outils permettent aujourd’hui une meilleure transparence des versements, une protection contre les abus et encouragent une prise de responsabilités progressive, dans un environnement contrôlé.
Comment l’argent de poche peut révéler des tensions sociales plus larges
Au-delà de son rôle éducatif, l’argent de poche cristallise des enjeux économiques et sociaux profonds. Il reflète parfois les disparités territoriales et économiques mais aussi des problématiques telles que les violences intrafamiliales. Des questions difficiles telles que celles évoquées dans des ressources comme les formes de violence conjugale émergent dans la gestion familiale des finances.
Par ailleurs, la fracture entre zones urbaines et rurales influe grandement sur les sommes allouées, comme le démontre une enquête publiée sur les inégalités régionales d’argent de poche. Cette disparité, qui voit parfois des adolescents parisiens recevoir jusqu’à dix fois plus que ceux de zones plus rurales, creuse un fossé symbolique important.
Enfin, le sentiment de culpabilité des parents face à ces inégalités est un autre phénomène digne d’attention. Pour en comprendre les raisons et les dynamiques, plusieurs études approfondies, comme celle disponible sur le ressenti des parents sur l’argent de poche, sont précieuses.
